rando34 a écrit:
Votre échange montre 1) que les règles sensées apporter la meilleure efficacité (puisqu'en course, le but partagé par tous c'est de gagner) changent avec le temps, et 2) qu'à une époque donnée des coureurs font des choix différents pour arriver au même résultat: gagner.
Donc quand bien même on accepterait le postulat que la règle serait la meilleure valeur moyenne mesurée chez des champions, le bon sens et la statistique nous rappelleraient que pour un individu (moi), cette valeur a une probabilité assez faible de me convenir. De toute façons, il me faudra expérimenter pour affiner, par rapport à mon objectif et compte tenu de ma morphologie, de ma souplesse, de ma forme du moment, formule magique ou pas. La connaissance de cette valeur théorique pourrait peut-être me faire gagner du temps pour trouver la meilleure valeur pour moi, mais elle pourrait aussi m'en faire perdre, en me poussant vers un conformisme que je ne remettrai en question (ou pas) que plus tard. C'est exactement ce qui s'est passé pour moi. Je la considère donc inutile.
Effectivement, nous n'avons rien évoqué d'autre que la compétition, parce que le cyclotourisme n'a pas de vocation de quête de la performance, ou pas la même notion de performance.
Il va de soi bien-sûr que les formules sont une indication et qu'on affine ensuite, c'est normal, heureusement! C'est aussi le signe, si on s'intéresse aux formules, qu'on a déjà une expérience cycliste et qu'on continue de s'y intéresser, parce qu'on n'est plus le même à 45 ans qu'à 25, le but étant de ne pas faire trop de conneries.

Les formules sont arrivées parce qu'on a voulu faire la synthèse de décennies d'empirisme (il serait étonnant que Thalès ait été le premier à remarquer le fameux théorème, de la même façon qu'un gars a dit à un autre "eh, si je pose mon talon sur la pédale, ça me donne une hauteur de selle correcte", s'il n'y avait pas ce foutu pied au bout de la jambe, ça simplifierait beaucoup de réglages et on ne chercherait pas plus loin!!!
Mais un vrai cadreur expérimenté sera capable de sortir une position définitive : quand Bernard Preuss m'a fait mon dernier vélo en date, il m'a mesuré de pied en cape, a rentré ses données dans son ordinateur et un mois plus tard, il m'a fait monter sur mon nouveau vélo et c'était parfait.
En réalité, ma position de base, à la fois empirique et confirmée par quelques formules, était déjà assez bonne. Preuss m'avait relevé le cintre de quelques mm et avait surtout modifié les angles du cadre (un poil plus couché parce que j'ai de longs fémurs), il en a résulté un pur rail dans les descentes, vif et confortable.
Cela dit, en y réfléchissant un peu, et en observant les vainqueurs des grands tours, on remarquera que si les modes changent, ces vainqueurs ne cèdent pas aux sirènes d'un guidon trop bas ou trop loin, d'une selle trop haute ou pas assez... (sauf Froome, qui sera toujours peu élégant sur un vélo), les Armstrong, Wiggins, Bernal, Nibali, etc... sont des coureurs aux positions assez académiques.
Bref, beau sujet de philosophie!