Nigeria vintage music club

Depuis que le patron est parti à Abuja, et bien qu'il m'ait confirmé qu'il ne le ferait jamais je rêve de ce sujet. Alors avant qu'il ne soit trop tard et que le prétexte ne soit rentré je me lance :

Le Nigeria c'est le géant de l'Afrique de l'ouest, et même le pays le plus peuplé du continent. Idéalement situé au centre du golfe de Guinée pour rayonner sur la plus grande partie du continent et le monde entier. Enfin l'influence anglaise et plus tard américaine a également été particulièrement ressentie dans ce pays "anglophone".

Inutile de se faire trop d'illusions, au Nigeria aussi une bonne partie de la production n'a rien de vraiment remarquable, mais j'ai trouvé quelques pépites que je vais me faire le plaisir de partager avec vous sans trop de scrupules. Si je trouve une version déjà en ligne je me contenterai de coller le lien, mais attendez vous à quelques bonnes surprises. Je vous ferai aussi part de quelques sources et ressources glanées sur le web, j'espère que je vais retrouver toutes les infos dans mes fichiers.

Voyons déjà ce que ça donne.

Merci Drom pour le post

Je n'y connais pas grand chose en musique Nigériane. A la suite le clip de Blessing qui a hérité ce week end du vélo de mon épouse :

De la musique traditionnelle et de l'afrobeat ne surprendront personne. Que le Nigeria soit le plus gros réservoir africain de rock garage et psyché, c'est tout aussi naturel mais déjà moins attendu :

Radiooooo pour écouter les tubes du Nigeria (et des autres pays du monde) de 1900 à nos jours....

Sympa la radio, je connaissais pas. J'attends avec impatience de récupérer l'ordi qui rame pas trop, là ya pas moyen que je teste!

Un style de musique africaine exogène marquera définitivement toute une partie de la musique nigeriane, il s'agit de la highlife. C'est au départ une musique née au Ghana d'influence essentiellement jazz, mais aussi britannique : les fanfares -et en particulier les fanfares militaires- ont été rapidement adoptées plus ou moins volontairement par la population locale dans de nombreuses colonies, et de plus en plus cubaine. Cette musique fut au départ celle des fonctionnaires et des indigènes insérés dans la société coloniale, d'ou son nom qu'on traduirait par 'la grande vie'. La grande époque de la highlife recouvre les années 50 à 70. Dans les années 80 elle s'accommodera même aisément du disco!

Voici deux des plus classiques déclinaisons nigérianes de la highlife 'canal historique' mais nous verrons rapidement que ce ne sont pas les seules! Le premier se faisait lui aussi appeler 'Chef' (Chief Stephen Osita Osadebe) ce qui me parait franchement improbable (les chefs coutumiers eux même ne chantent pas, il y a des musiciens pour leur adresser des louanges), et le second Cardinal! Il marquera quand même une rupture en remplaçant la trompette par le saxophone comme cuivre dominant.





On notera aussi que dès cette époque les morceaux d'une vingtaine de minutes sont monnaie courante, mais comme c'est pas mon style favori je vous ai mis des morceaux assez courts dans l'espoir de pas vous décrocer. Lors d'une prochaine journée un peu moins remplie ça pourrait changer!

Excellente initiative ce sujet! Tu prêches chez un converti avec moi mais je découvre déjà des choses. Merci

J'ai eu l'occasion de voir le film docu "Finding Fela" il n'y a pas très longtemps. Au début, j'ai eu un peu peur (je n'ai pas super accroché avec la construction autour de la comédie musicale) mais je me suis vite retrouvé envouté. Ca se regarde très bien.

Un lien vers la bande annonce:


J'ai vu le père Tony Allen en concert il y a quelques années. Le vieux en a encore dans les baguettes

Tony Allen -sans qui il n'y aurait probablement pas eu d'afrobeat- habitait (et il me semble habite toujours) en France, depuis avant la mort de Fela. On eu a la chance de le voir assez souvent à Paris dans des petites salles vers 95 et pour moi ça a été un déclic même si il faisait bien autre chose à cette époque que le big band! Ecoutant jusque là principalement du rock je n'avais pas abordé cette musique en suivant la pente du funk US, sur lequel je suis toujours plutôt inculte.

Il y a quelques années (ok, pas mal d'années :D), j'ai appris que 2 de mes héros d'enfance avaient vécu et joué ensemble.

Sur sa découverte de Fela, Lester Bowie: https://arthurmag.com/2009/11/02/lester-bowie-on-fela-kuti-1999/

Puis il lui dédia ce morceau d'afrobeat, the Chicago way:

Bien! D'ailleurs merci à tous pour vos contributions et vos encouragements. Je ne pensais pas arriver tout de suite à Fela, c'était probablement naïf de ma part. Alors voila, je ne parlerai pas de Fela. Il est trop énorme. Vous trouverez facilement plein de choses sur Fela, y compris sa musique.

J'ai quand même un truc passé un peu sous les radars, ce lien vers le blog du musicologue Afrique de la radio Voice of America. Vous y trouverez plusieurs morceaux datant des débuts de celui qui ne s'appelle pas encore  (mais presque) Fela Anikulapo Kuti, et même un hymne religieux écrit par son révérend de grand-père! Quant à ses propres morceaux, c'est de la Highlife mais sans guitare ou presque, avec déjà des cuivres survoltés.

Petit ajout postérieur : Tony Allen doit être bien triste aujourd'hui de la mort de Manu Dibango avec qui il avait joué dans le début des années 80.

dromaludaire a écrit:
Petit ajout postérieur : Tony Allen doit être bien triste aujourd'hui de la mort de Manu Dibango avec qui il avait joué dans le début des années 80.

J'ai eu la nouvelle. Lorsque j'avais entendu que Manu avait choppé le virus, me suis dit que c'était le profil typique associé aux complications...

Son rire généreux restera éternel, comme son influence sur la musique

Vu de Douala, Lagos et Fela ne sont pas loin.
                                   

Adieu Papa.    
                                                                                 

C'est juste à côté tu veux dire. Enfin je connais très mal la musique camerounaise, dans les proches voisins du Nigeria j'ai beaucoup plus de morceaux en provenance du Niger, du Bénin ou du Togo. Souvent des trucs énormes.

Bon, après ces 24h de silence en hommage à Manu Dibango, on reprend doucement le fil de nos activités. Pour se réveiller en douceur, on va continuer avec un peu de highlife méditative ambiance lagon bleu et doucement monter en pression :

On en arrive donc à l'un des de mes musiciens nigérians préférés et il se trouve que c'est également un personnage d'envergure. Sir Victor Uwaifo commence comme beaucoup de musiciens par la highlife, ou il se fait très vite remarquer vu qu'il s'adjuge le premier disque d'or de l'histoire du pays avec ce titre :



Dans son groupe joue d'ailleurs un des maitres du genre, Stephen Osadebe. Uwaifo va lui après plusieurs expérimentations se construire peu à peu à partir d'un rythme traditionnel un style qui lui sera propre et qu'il nomme Ekassa. Le premier de la série se classe parmi mes albums favoris de toute la musique du continent.




(contrairement à l'image fixe sur la vidéo, c'est bien l'autre face du disque précédent).

Multi-instrumentiste, écrivain, sculpteur, universitaire, homme d'affaires, il devient propriétaire d'un hotel et fonde (en plus d'une compagnie d'enregistrements) une chaine de télévision sur laquelle il produit personnellement une émission culturelle et musicale. Il se voit décoré par plusieurs présidents et pendant un temps il est même l'équivalent de ministre de la culture et du tourisme de sa province (le Nigeria est un état fédéral), bref c'est l'anti Fela par excellence. Et malgré cela il arrive encore à faire un reggae presque crédible :



Même ses échecs vont vous être bénéfiques. Par exemple je ne trouve pas de quoi vous faire écouter un autre de mes morceaux favoris alors je vous l'ai déposé ici. On dirait bien que c'est une rareté.

Yes bro, je t'ai pas oublié je cherche juste un truc mec. Tu veux que je te remette Erame pendant ce temps? Les serveurs de wetransfer l'ont perdu mais je peux leur causer 5mn. Je te la fais pas à la nigérianne, va pas croire (spoiler j'en connaissais une autre sous le même nom ou tu fais croire à un pigeon que tu vas lui multiplier des billets en les passant au four - la recette (améliorée)).

Bon, ben on a perdu un des derniers dinosaures de l'Afrobeat  

https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2020/05/01/tony-allen-batteur-et-pionnier-de-l-afrobeat-est-mort_6038324_3382.html

Ses coups de baguettes n'ont pour autant pas fini de nous faire bouger les gambettes  

Repose en paix Tony Allen  

En ce qui me concerne une chose est sure, il m'accompagnera jusqu'à ma propre fin et je m'efforcerai d'ici là encore plus de faire passer son propre message, ainsi que celui de son camarade Fela. D'ailleurs j'ai prévu de clore cette série par quelques messages positifs, une fois ou même deux n'est pas coutume.

j'étais passé à côté du sujet !
Ça me fait plaisir de voir un sujet sur l'afrobeat ici

Je me permets d'apporter ma contribution
Ils ne sont pas nigérians mais ont joué avec Tony, Femi et Seun Kuti.