Eviter la corrosion galvanique

Bonjour à tous,

Sur la petite dizaine de vélos anciens qui sont passés entre mes mains, ce problème de corrosion qui se traduit par une pièce alu qui se "soude" littéralement à une autre en acier m'est arrivé 3 fois.
- 1 tige de selle alu profilée complètement bloquée dans un tube de selle depuis bien 30 ans, impossible à faire bouger.
- 2 potences à plongeur bloquées dans le pivot de fourche.

Vivant à l'époque en appartement donc sans étau à ma disposition, je me suis arraché les cheveux sur ce problème sans parvenir à le régler. Il me semble que ce souci de pièce alu qui se soude est assez fréquent et cela peut faire perdre beaucoup de temps, empêcher un entretien/une rénovation, mais aussi abîmer un cadre ou des composants à force de de taper, tourner, forcer pour tenter de sortir la pièce bloquée.
Un exemple récent en photo, une potence bloquée, sortie cette fois-ci sans trop de mal après un bain prolongé de dégrippant tête en bas, et surtout un étau qui facilite quand même bien la tâche:


Aussi, je m'interroge sur les procédés permettant d'éviter ce problème au remontage du vélo parce que à priori, une potence à plongeur en alu, on ne la bouge pas tous les 6 mois donc cela risque de se reproduire. Que faire ?
- Les graisses "anti-seize" (Shimano en fait) sont-elles efficaces ?
- Prenez-vous des précautions particulières pour anticiper/éviter ce problème ?

Merci d'avance pour vos réponses

Le gogo change les periphériques sur ses vélos avec une telle fréquence qu'ils n'ont pas le temps de réaliser une soudure galvanique... Blague à part, il y a un fond de vérité: une pièce qu'on re-graisse régulièrement n'a pas vraiment le temps de faire ça. Certains alliages Aluminium sont plus sujets que d'autres. Un bon polish avant installation aide également.

Sinon, mes parties mobiles suintent de graisse marine. Mine de rien, ça fait un peu obstacle quand même à l’électrolyte

Enfin, lors d'une visite récente à une droguerie, j'ai trouvé de la bande Mg de ce genre.



C'est plus électronégatif que l'Al. Sur mon vélo tout temps, qui ces jours-ci fait trop souvent office de planche de surf, je compte insérer des pièces (sans graisse, elles ;), calées par un rond de bois à l'intérieur de quelques tubes. Je verrai assez vite si elles assurent le job d'anode sacrificielle.

(Ca a marché deux saisons de suite sur le câblage de commande d'un planeur dont une pièce de fixation en particulier partait en morceaux à une vitesse ahurissante.)

A l'atelier participatif on met systématiquement de la graisse normale à l'aide d'une brosse à dents usagée à l'intérieur des tubes de direction et de selle pour éviter ce désagrément.
Je n'ai jamais eu de retour négatif, on peut penser que c'est efficace.
Par contre, comme nous sommes en bord de Méditerranée, les vélos souffrent beaucoup de la corrosion et de l'absence d'entretien et de nettoyage (surtout ceux qui prennent le bus-bateau pour du vélotaff).
Nous avons dû mettre à la déchetterie (après démontage en règle) un nom incalculable de vélos qu'on avait reçu en dons et dont la tige de selle et/ou la potence étaient ploqués dans le cadre.

La graisse ça marche, le mieux étant d'utiliser un graisse de contact de ce type la :



Ce n'est pas très cher et en plus du côté lubrifiant il y a dedans un inhibiteur de corrosion, dans la durée ça tiens beaucoup mieux ce produit est utilisé sur les bateaux

Merci à tous pour vos réponses !

@Frob : certes, on est souvent amenés à changer souvent les pièces sur certains vélos, moi le 1er, mais j'avoue que souvent, je vais changer 2-3 trucs jusqu'à trouver que le montage est parvenu à un certain équilibre qui me convient. Une fois arrivé à ce stade, il est rare que je change quoi que ce soit. Je ne retape pas des vélos depuis suffisamment longtemps pour être confronté à ce problème d'oxydation galvanique mais j'ai une petite pensée pour celui qui démontera (peut-être) la potence ou la tige de selle dans 10,20 ou 30 ans (si le vélo existe encore) et je suis sûr qu'il sera content que j'aie pris certaine dispositions à cet égard.

Les bandes magnésium, l'idée est pas bête sur le principe mais ça ne me semble pas si évident que ça à poser et à faire tenir correctement au montage. La graisse marine semble souvent revenir comme étant une solution assez efficace.


@Spockangel
Je ne vis pas au bord de la mer donc je n'ai pas ce souci d'air marin. Je ne savais pas que c'était aussi problématique. Chez moi (Alsace), ce serait plutôt le froid, les restes de sel au printemps qui pourraient poser souci ou l'humidité en hiver.


@Nuncjoe
Merci, je retiens ! Par contre, existe-t-il une version un peu plus eco-friendly ?

Sinon, en vrac quelques idées vues à droite à gauche:
- Cerains utilisent du vernis incolore pour les parties qui sont en contact afin d'isoler alu et acier et d'éviter cette fameuse réaction chimique.
- La graisse marine semble souvent plébiscitée.
- C'est aussi le cas des graisses "anti seize" (Loctite, Shimano...)
- La graisse de type "Tef-Gel" qui existe sous plusieurs marques, spécifiquement conçue pour éviter la corrosion entre acier et aluminium.


Sinon, comme l'a souligné Frob, c'est clair que selon l'alliage d'aluminium utilisé, l'état de la pièce, etc, le problème peut apparaître plus ou moins vite et être plus ou moins compliqué à solutionner. Le pire pour moi étant une tige de selle aero de marque Selcof en aluminium qui a littéralement fusionné avec le tube de selle du cadre (Columbus Brain).

Urevealz a écrit:Les bandes magnésium, l'idée est pas bête sur le principe mais ça ne me semble pas si évident que ça à poser et à faire tenir correctement au montage.

Oui. D'autant que si la bande remplit sa fonction, elle partira en grumaux de toute façon, donc il faudra ouvrir de temps à autre pour faire le ménage.

Ce que je me vois faire, c'est: un rond de bois ou bouchon de liège conique aux bons diamètres, de la bande Mg enroulée à l'extérieur et on cale avec enthousiasme quelque part à mi-chemin dans le tube, et/ou sur le bas de la tige de la fourche. La zone de contact devrait être honorable. Le plus dur sera de le poser sur le métal à nu, car:

- Cerains utilisent du vernis incolore pour les parties qui sont en contact afin d'isoler alu et acier et d'éviter cette fameuse réaction chimique.

J'oubliais: en effet, ça aussi je fais désormais systématiquement sur mes vieux cadres acier avant l'application de graisse: nettoyage/dégraissage/dérouillage, puis passivation/phosphatation à l'acide phosphorique. Puis rustol ou similaire avec séchage de quelques mois (à la vitesse où mes vélos avancent, ce dernier point ne pose aucun souci ;D). Cela dit, les vernis de ce genre, même secs, gardent une élasticité, donc il faut adapter le serrage en conséquence.

Serrages qui d'ailleurs sont peut-être un facteur également: on retrouve souvent des potences et tige de selles serrées bien trop fort. Le procès galvanique doit adorer...

Mais même si on prend toutes ses dispositions, il y a fort à parier que de l'eau s'accumulera ici et là, ne fut-ce que par le jeu de la condensation (on roule ou on se gare proche du point de rosée). Préserver les trous d'évacuation et faire dormir nos adorés bien au sec restent critiques. Et ça, malheureusement, nous n'y pouvons pas grand chose une fois l'engin aux mains de nouveaux propriétaires.

Pour finir: j'ai eu quelques tas de rouille monumentaux entre les mains dont la la simple perspective du démontage me donnait des sueurs froides. Puis finalement, tout se passait à merveille avec juste un peu de dégrippant en superficie. A l'inverse, des choses qui paraissent sain comme ton exemple ci-dessus peuvent réserver des surprises amères. Le facteur déterminant me semble toujours avoir été la quantité de graisse dont une bonne âme ancestrale avait pourvu les entrailles.

Soyons donc généreux ^^