Restauration d'une selle en cuir

Suite à vos commentaires sur mes "travaux d’hiver" voici comment je m’y suis pris pour donner un look correct à la selle. Je vais faire ça en plusieurs épisodes car j’ai remarqué que si on met beaucoup d’images dans le même message ça ne passe pas : Mes capacités en informatique ? Mon PC vintage ? Le serveur qui me fait la gueule ?

D’abord je situe le contexte car des techniques donnant de bons résultats dans certains cas peuvent parfois être inopérantes voir catastrophiques dans d’autres.

LA "MATIERE PREMIERE"
J’ai récupéré cette selle à l’atelier participatif auquel je collabore régulièrement. Elle était raide comme une planche, tachée et vernie par la crasse. Avec ses flancs écartés on aurait une raie.

LE NETTOYAGE
Malgré la crasse on pouvait voir la marque "Idéale" poinçonnée sur chaque rivet.

Il n’était donc pas question de les faire sauter pour disposer du dessus seul mais un bon lavage s’imposait pour essayer de faire apparaitre le cuir. Ne voulant pas détremper ce cuir de peur de le raidir encore plus, j’ai employé la méthode qu’utilisait ma Grand-mère pour son linge taché en humectant d’eau au pulvérisateur puis en tartinant généreusement du savon de Marseille humide sur le dessus.


Cette légère humidité était maintenue pendant une bonne demi-heure suivie d’un lavage en brossant sous l’eau courante ce qui a fait au début s’écouler un jus couleur café. A la quatrième opération identique le jus qui s’écoulait était clair et m’a fait conclure que j’avais mis le cuir à nu. Entre chaque opération essuyage soigneux après le lavage et séchage de 24h loin d’une source de chaleur. Sont apparus alors de profondes criques tel le fond d’un marais asséché.

L’ASSOUPLISSEMENT
J’avais vu sur le forum d’à côté qu’il fallait faire très attention à ne pas trop assouplir et transformer sa selle en hamac. Par chance j’avais à ma disposition un produit que les cavaliers utilisent pour leur sellerie dont je me servais pour entretenir mes bottines de chantier en cuir épais. J’en connaissais donc l’usage et les effets bénéfiques (assoupli bien le cuir) et indésirables (reste plus ou moins poisseux).

Après avoir détendu la selle j’ai barbouillé généreusement le produit par le dessous où le cuir a un aspect rugueux. Je me suis cantonné à une seule passe qui s’est montrée suffisante.

LE FORMAGE
Là je pense que tous les coups sont permis pour autant qu’on ne griffe pas le dessus.




L’opération a duré de mémoire une petite semaine avec chaque jour desserrage des moyens de contentions, inspection des effets produits et remise en place des liens aux endroits qui semblaient récalcitrants. Comme je craignais que les flasques s’écartent de nouveau, j’ai passé un lien cuir de part et d’autre pour les liaisonner.

LA PATINE DU DESSUS
Là encore appel aux techniques de Grand-mère : la cire d’abeilles diluée dans de l’essence de térébenthine préparée à 1/3 de cire 2/3 d’essence pour obtenir quelque chose de fluide qui pénètre ; malgré les longs moments de polissage manuel entre chaque couches le résultat obtenu ne me plaisait guère effet poisseux et couleur marbrée et bien évidemment les criques étaient toujours là
En remarquant que c’était le nez râpé qui avait le meilleur aspect je décidais d’appliquer une méthode violente en attaquant la fleur du cuir à l’abrasif au 200 d’abord en insistant sur les criques puis au 400 pour au final obtenir une surface relativement douce à l’aspect du daim et les criques amoindries
Ne voulant pas renouveler l’expérience de la cire d’abeilles je me suis procuré deux produits. L’un pour teinter en marron foncé pour amoindrir les marbrures de coloration, l’autre pour patiner.


Plus besoin de vous raconter le reste maintenant : fine couche de pâte colorante, séchage, brosse douce, chiffon doux, huile de coude et rebelote jusqu’à obtenir une couleur uniforme et même combat avec la crème pour patiner

Et après, a quoi ressemble le fond de ton pantalon après la premier balade?
Généralement, je met un vieux froc, parce que ça a tendance a graisser!

Pas de problème de fond de pantalon confirmé par la ballade d'hier. Je n'ai sans doute pas assez développé la finition :
1) Des couches très fines
2) Séchage de chaque couche avant astiquage
3) Astiquage jusqu'à ce que le chiffon ne porte plus de traces de produit avant de passer à la couche suivante
J'ai utilisé un chiffon blanc pour témoigner lors de l'astiquage des dernières couches de cirage pour la patine. Pour ne pas passer des heures d'afilées à astiquer j'avais la selle à portée de main dans mon appartement j'ai donc fais ça petit à petit sans trop m'en rendre compte. Combien de couches de chaque produit ? beaucoup le tout fait "à l'estime" du résultat final recherché et otenu par chaque couche.

Pourrais-tu laisser une image de la selle finie?
Je suis ta méthode cette semaine, sur deux selles dont une vraiment destroy...

le papier de verre ne risque-t-il pas de trop affiner le cuir (je pense que sur la plus pourrie, les crevasses ateignent facilement le cinquième de l'épaisseur)

la crème pour selle , aprés avoir un peu de recule sur le produit , un grand ATTENTION ; cela sèche le cuir et deviens dur     
a l'origine le produit est fait pour nourrir= assouplir     
donc mixa bébé , et bon résultat    

Jean-guy a écrit:Pourrais-tu laisser une image de la selle finie?
Je suis ta méthode cette semaine, sur deux selles dont une vraiment destroy...

le papier de verre ne risque-t-il pas de trop affiner le cuir (je pense que sur la plus pourrie, les crevasses ateignent facilement le cinquième de l'épaisseur)

Bonjour Jean-guy
Le avant après se trouve ici mais il faut que tu sois conscient que le papier de verre est une méthode de taliban qui attaque la fleur c'est à dire la couche polie qui donne le brillant donc à mon avis ne pas chercher à attaquer le cuir en profondeur pour faire disparaitre toutes les fissures. Tu risque avoir des endroits avec le cuir attaqué à coeur avide des produits de recoloration et obtenir de superbes marbrures. Voici en gros plan ce que ne montre pas la vue d'ensemble



Maintenant pour l'assouplissant, j'ai utilisé le produit de sellerie Sapo d'abord parceque je l'avais sous la main et que je l'ai utilisé longtemps à d'autres fins, j'en connais donc les effets, il en faut vraiment très peu pour ne pas transformer sa selle en hamac parceque là elle est naze. Je ne peux ni confirmer ni infirmer ce que dit mon pote caska sur l'utilisation du Mixa Bébé que je n'ai jamais utilisé. Par contre venant de caska il semblerait que ce soit une bonne solution il en est déjà à deux ou trois vélos restaurés   et chapeau le mec il touche sa bille  

Ok merci pour les précisions, elles sont au séchage...



pour celle là, je vais quand même tenter le papier de verre, de toute façon, je n'ai pas grand espoir

pour la deuxième, je vais éviter,

pour la 1ère , surtout pas de papier de verre , sinon , elle va "s’effilocher " .... c'est pas le but   
pour le mixa , ma foi , j'en suis content , cela laisse une pélicule douce dessus , bonne pour les fesses   

D'accord avec Caska, j'ai essayé le Mixa, sur ses conseils, et ça marche vraiment pas mal.

voila la dernière arrivée, une IDEALE randonnée  , restée dehors 1 mois a la pluie et soleil

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craquelée de partout , donc petit ponçage et mixa sur la fin ....